Dans cette seconde partie de notre dossier sur le monde steampunk, nous n'allons pas nous concentrer sur les origines littéraires du genre, mais sur ce qu'il est devenu: un univers foisonnant déployé dans une multitude de médias et surtout dans la créativité de ses fans!
Dans la partie précédente que tu peux toujours découvrir en cliquant par ici, nous précisions que le steampunk est un genre mélangé de cultures populaires de la fin du 19e siècle et des réalités des historiques de l'époque, entre imaginaire rétro-futuriste esthétique et surtout un jeu rempli de références où chacun peut apporter son bagage culturel. C'est tout cela qui fait la richesse de ce genre.
L'époque où il s'ancre est une véritable époque fondatrice du point de vue historique mais aussi du point de vue des fictions populaires. Sa naissance répond parfaitement à la période contemporaine où l'on joue de plus
en plus avec ce que le public sait de la fiction et de ses codes, et donc où les
discours bêta textuel rencontrent un grand succès .
Les années 80 qui ont vu la naissance du steampunk sont donc une période où l'on cherche à ré-enchanter le monde; non plus par des utopies mais par un recyclage de l'avenir tel que l'ont rêvé les générations précédentes. C'est ce que certains appellent la "post-modernité", un concept qui reste malgré tout discutable.
Il faut donc dire que le saut direct de 1880 à 1980 et les spécificités de chacun de ces moments font la genèse de ce genre.
Tout cela fait du steampunk un objet tout à fait passionnant et riche en analyse, surtout du point de vue des multiples transformations et appropriations qu'il a subi depuis ses origines et de la manière dont est devenu pour certains une culture et un véritable mode de vie.
Il s'agit de jouer avec le passé et donc de s'inscrire dans la culture et la
ré-appropriation créative, du ré-agencement; qui est centrale aujourd'hui
la culture populaire, en particulier lorsqu'elle est couplée avec internet et aux outils numériques qui permettent de tout découper, mélanger, dé-contextualiser.
On peut par exemple penser aux individus qui rejouent des scènes de Star-Wars sur youtube, qui écrivent des fan-fictions Harry Potter ou qui se costument lors de conventions.
Ces univers fictionnels fournissent un cadre, un espace, bref un bac à sable qui
la définition la plus basique du jeu et de ce que permet l'attitude ludique .
C'est ce lien entre je passion fiction mondes imaginaires comme cadre de l'expression de l'identité individuelle et collective qui pousse à participer.
Participer, c'est prendre part à ce qui se passe, donc s'inscrire dans un collectif. Mais c'est aussi s'approprier les objets et donc en prendre une part pour se construire son individualité propre et cela peut prendre des formes extrêmement nombreuses.
Dans le cas du steampunk, les activités participatives foisonnent en particulier. Ce genre a pris tout son essor et sa dimension au travers des arts plastiques et visuels, plus encore que les fan-fictions une autre sagas.
Le steampunk ne se lit pas: il se vit, il s'incarne dans les corps, dans un mode de vie, dans une volonté de créativité permanente, dans une volonté de casser les codes notre vie quotidienne.
Un bon exemple est typiquement le festival burning man qui se déroule
chaque année aux USA . Durant toute une semaine, des milliers de participants vivent en autarcie en plein désert. C'est l'occasion rêvée de donner vie aux projets les plus fous, notamment artistiques, avec des chars, des sculptures géantes, des défilés, des expositions et des costumes plus incroyables les uns des autres.
Il est d'ailleurs assez amusant de voir à quel point les codes visuels du festival ont été inspirées par mad max, avec notamment le célèbre thunderdome qu'on retrouve à burning man et dans mad max 2, avant de devenir lui-même une source
d'inspiration pour le mad max sorti en 2015 .
Ce festival est bien empreint de rétro futurisme et de steampunk .Dans la culture
steampunk, les costumes sont toujours complété d'accessoires divers comme la montre gousset, la canne à pommeau de cuivre et d'argent, lunettes de tunnel et d'aviation -les fameuses "googles"- et autres jet-packs qui rendent hommage à des films canons, comme par exemple Rocketeer de Joe Johnston, une petite perle méconnu signée Disney qui a malheureusement fait un énorme vide à l'époque, comme d'ailleurs tous les films steampunk.
Le corps est toujours présent dans l'imaginaire steampunk. Il est performé par ses fans avec des jeux sur l'extension du corps ou sur le brouillage par exemple des frontières genrées.
Les cosplays que l'on retrouve le plus souvent dans les catalogues d'illustration ou sur les sites amateurs sont les objets customisés: guitare
électrique, livre, lunettes...Tout fan de steampunk aime les vieux livres en couverture de cuir reliée, mais aussi d'ordinateurs, bijoux, voitures, console de jeu?
Ces images d'objets transformés ou créés par les amateurs font le bonheur des
sites de partage d'image, en particulier tumblr, facebook et plus encore le réseau social pinterest (dont le principe est d'épingler des images sur un mur numérique par rapport à une thématique) qui est tout à fait adapté à ce type de collections où
chacun peut échanger ses plus belles pièces.
Le steampunk s'inscrit dans le règne du D.I.Y (Do It Yourself), c'est à
dire dans la coopération et l'apprentissage qui forgent un sens une sorte de
très fort sentiment communautaire. Chaque petit élément, chaque customisation
chaque costume, fait l'objet non seulement d'une série d'images présentant le produit fini avec fierté, mais aussi des tutoriels détaillés, des vidéos explicatives,
des photographies qui montrent les étapes intermédiaires de la création de l'objet.
Sur les forums spécialisés, on trouve des conversations instructives sur comment vieillir une veste en cuir, comment transformer un train électrique du commerce en majestueux représentant de l'imaginaire victorien, comment fabriquer une maquette de zeppelin, comment dessiner un robot steampunk etc...
Les questions ne manquent pas et les réponses non plus. Chacun y va de son
conseil, de son expertise en fonction de ses compétences. Cela ne vaut d'ailleurs pas que pour les objets physiques même si c'est particulièrement présent cette culture.
On peut aussi apprendre par exemple à construire sa maison dans un style steampunk dans ce bac à sable géant qui est le jeu que l'on nomme Minecraft.
Ce qui ressort globalement des nombreuses créations amateurs comme les cosplay, les objets, les dessins et autres créations numériques, c'est que contrairement à d'autres genres, il ne s'agit souvent pas de prendre une oeuvre appartenant déjà à un genre pour cadre mais le genre lui-même comme un tout. Les fans de SF qui décident par exemple de faire un cosplay a présenter dans une convention ne vont pas généralement se déguiser en personnage générique de science fiction mais en personnage de sagas emblématiques comme Star Wars, Star Trek, Stargate SG-1, Battlestar Galactica, Mass-Effect etc...
Or, dans la culture steampunk, il est beaucoup plus courant de ne pas faire
référence un oeuvre en particulier ou de se dire que l'on crée un personnage steampunk. Il peut bien sûr y avoir une influence de Jules Verne, un peu de Lovecraft, de Tesla et tout un tas d'oeuvres un peu plus récentes mais il s'agit surtout beaucoup de vrais amateurs de s'inspirer d'un mash-up total, d'une forme hybride qui n'est pas directement influencée par un personnage ou une oeuvre précise.
Il existe bien sûr des exceptions, tout comme il peut arriver dans l'autre sens de se déguiser en personnage de science fiction totalement imaginaire. Cependant, la proportion de ce type de création dans le steampunk est énorme et pour le constater il suffit de se rendre cinq minutes dans n'importe quelle convention.
Le steampunk n'est donc pas un genre dans lequel devrait s'inscrire des occurrences ou des oeuvres marquantes mais bel et bien une pure esthétique , transposable et aux frontières floues. D'ailleurs lorsqu'on pense steampunk, on ne pense pas directement à une oeuvre spécifique mais à un décor global, fait de zepplins et de sous-marins cuivrés. Il n'y a pas à proprement parler d'univers précis ou d'oeuvre fondatrice, le steampunk n'a pas eu son Star Wars ou son Seigneur des Anneaux et c'est ce qui le rend difficile à expliquer aux néophytes du genre.
Ce genre est un univers à lui tout seul et donc sans oeuvres précises. Cette absence de références autres que la période historique sur laquelle se basent
les fictions de cette époque en ont fait un genre très particulier et c'est loin
d'être un handicap, car les fans du genre peuvent encore plus
facilement que les autres s'éloigner des cas liés au non respect d'une oeuvre.
Cela explique aussi en partie la fièvre participative qui anime ces passionnés.
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